Régimes, image corporelle et estime de soi

Les régimes amincissants, souvent perçus comme la solution miracle pour perdre du poids rapidement, sont malheureusement loin d’être une réponse durable à la quête de bien-être. Bien qu’ils entraînent parfois une perte de poids initiale spectaculaire, les effets à long terme sont généralement désastreux pour la santé physique et mentale. En effet, ces régimes restrictifs perturbent l’équilibre hormonal, fragilisent le métabolisme et peuvent causer des troubles alimentaires graves. Mais ce n’est pas tout : ils affectent également l’estime de soi et la perception de notre corps. Dans cet article, nous allons explorer pourquoi les régimes ne sont pas la solution, comment ils influencent notre image corporelle et comment retrouver une estime de soi solide sans passer par des méthodes draconiennes.

Le fonctionnement des régimes

Déséquilibre énergétique et métabolique

Par la restriction alimentaire, le régime cherche à créer un déséquilibre énergétique qui amènera la lipolyse, c’est à dire la libération des acides gras du tissus adipeux pour générer de l’énergie et ainsi induire une perte de masse grasse. A priori, cela fonctionne car nous pouvons rapidement observer une perte de poids dès les premiers jours d’une restriction. Cependant, bien souvent, le poids perdu ne correspond pas à cette fameuse consommation du tissus adipeux, mais à une perte musculaire sous la forme de glycogène (plus facile d’utiliser l’énergie des muscles que celle du tissus adipeux) et à l’élimination d’eau qui y est liée.

Si les efforts de restrictions sont poursuivis, l’organisme s’attaque ensuite au fameux tissus adipeux. Cependant, il met en même temps en place des stratégies de résistance pour “survivre” à cette “famine”. L’organisme passe alors en “mode économie d’énergie” comme le téléphone et va abaisser le fonctionnement de son métabolisme de repos. En d’autres mots, l’organisme apprend à faire la même chose avec moins d’énergie. Certaines fonctions peuvent être altérées pendant le processus comme notamment l’énergie générale ressentie (sensation de fatigue) et la thermogénèse (production de chaleur) peut se voir diminuée.

Le sport

A cela s’accompagne bien souvent d’une fonte musculaire importante, qui va elle-même entrainer le ralentissement du métabolisme (et le blocage de la perte de poids à terme). Pratiquer une activité physique s’avère donc être d’une importance capitale lors d’une stratégie de perte de poids : elle va maintenir la masse musculaire, réguler la glycémie et normaliser le métabolisme hormonal et énergétique. L’activité physique vient également jouer un grand rôle dans la santé mentale et notamment sur la relation à l’alimentation et le comportement alimentaire en agissant comme régulatrice de l’humeur et de la réponse au stress.

A noter qu’une activité physique trop intense peut avoir l’effet inverse et entrainer du stress cardiovasculaire, un dérèglement du métabolisme induisant une résistance à l’insuline voire une dépendance ou addiction à l’activité physique intensive : la bigorexie. Je mentionne ce paradoxe car lors d’une relation troublée à l’alimentation, on peut souvent observer des comportements compensatoires orientés vers l’activité physique intensive.

La réussite des régimes amincissants

En 2011, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation (ANSES) a réaliser une étude des risques sanitaires sur 15 régimes restrictifs. Tous conduisaient à des déséquilibres nutritionnels (déficits en certains minéraux, vitamines ou excès en protéines, sodium…), à des conséquences psycho-comportementales délétères, à des dérèglements biologiques ou encore à un déséquilibre hormonal.

Ces risques sanitaires et les effets à long termes sont masqués par l’effet spectaculaires de ces régimes à court terme : la perte de poids. Dans 95% des cas, on observe une reprise du poids initial (voire plus) dans un délai de 5 ans.

Il y a un domaine dans lequel les régimes amincissants réussissent quasiment à tous les coups : le développement de troubles alimentaires.

Les risques psychologiques associés aux régimes amincissants sont bien réels.

On observe notamment le développement du stress alimentaires caractérisés par :

  • Peur de perdre le contrôle

  • Peur d’avoir faim

  • Peur de manger certains groupe d’aliments (gras/sucre)

  • Peur de ne pas assez manger ou trop manger

  • Peur du regard des autres

  • Peur de se tromper…etc

Le cercle de la restriction s’installe alors ainsi que la pensée binaire : tout ou rien, frénésie alimentaire puis restriction stricte “lundi j’arrête tout”.

A terme, c’est l’estime de soi qui s’en voit dégradée ponctuée de culpabilité, de honte, de dévalorisation et de perte de confiance en soi.

A l’origine de l’envie de perte de poids

Perceptions et représentations du corps

L’image corporelle est la manière dont on perçoit son apparence physique. Le cerveau récolte un ensemble de données externes (vision du corps dans le miroir, perception du regard de l’autre, perceptions au travers des sens…) et les passent dans notre filtre interne (à travers nos croyances, nos attentes, nos biais cognitifs…). De cela, résulte notre image corporelle.

Cette construction de notre esprit est influencée par les normes socio-culturelles et l’idée que l’on se fait du “corps idéal”. L’influence des médias et des réseaux sociaux est majeure dans cette représentation mentale de notre corps.

On ne voit pas notre apparence physique telle qu’elle est dans la réalité mais à travers le filtre de notre cerveau, d’où l’importance de prêter attention à la manière dont ce filtre fonctionne (et à en modifier les composants si besoin).

C’est bien avec la volonté de modifier notre image corporelle que la majorité des envies de perte de poids naissent.

Là où l’excès pondéral était un signe de richesse et de bonne santé avant le XIXe siècle, ce mode de pensées s’est totalement inversé à la fin de ce même siècle. La dictature de la minceur s’est particulièrement imposée pour les femmes et le critère du poids s’est positionné comme LE critère esthétique par excellence. La consommation d’aliments riches en calories, surtout pour les femmes, devint synonyme de péché. L’excès de poids fut assimilé à un manque de maîtrise de soi. Quel singerie quand on sait qu’à la même période, les produits industriels fleurissaient et avec eux, l’accès à une nourriture plus riche en abondance.

Dysmorphophobie et insatisfaction corporelle

Une image corporelle altérée peut mener vers la dysmorphophobie. Ce terme désigne le dégoût et/ou la honte envers son corps ou une partie de son corps.

La conséquence principale de ce trouble est la perte d’estime de soi.

La dysmorphophobie peut être exacerbée par les régimes restrictifs, surtout si ceux-ci sont associés à des objectifs irréalistes ou à la pression sociale.

Développer la satisfaction corporelle non esthétique

Le concept de satisfaction corporelle fait référence à la satisfaction qu’une personne a de son aspect corporel sans faire pleinement référence à son esthétisme (corps en pleine santé, force suffisamment développée pour les activités quotidienne, capacité à ressentir du plaisir et de la joie, absence de douleur…). En appréciant avec objectivité ce que son corps lui permet de faire (en dehors de son aspect esthétique), il devient plus facile de développer une image corporelle positive.

La pratique du Yoga est un excellent moyen d’avancer sur le chemin de la satisfaction corporelle en développant une qualité de présence à soi et à ses sensations physiques. Pratiquer un Yoga orienté sur l’écoute et l’acceptation de soi (et non sur la performance), permettra à chacun.e de trouver les ressources pour apprécier les fonctionnalités de son corps : ressentir du plaisir dans détente ou encore faciliter ses activités quotidiennes en développant sa souplesse par exemple.

Comment perdre du poids sans régime restrictifs ?

Peut-être qu’après la lecture des paragraphes précédents, il apparait évident que les régimes restrictifs ne sont pas une bonne solution pour conserver sa santé mentale. Mais alors, comment faire pour retrouver une image corporelle positive et un corps dans lequel on se sent bien SANS avoir recours à un régime amincissant.

L’importance de l’individualisation de l’accompagnement

Il est crucial de comprendre que chaque personne est unique, avec des besoins, des antécédents et des objectifs différents. C’est pourquoi l'approche d'une perte de poids saine doit être individualisée. Plutôt que de suivre un programme unique, souvent rigide et universel, il est essentiel de prendre en compte le contexte personnel de chacun. Ce qui fonctionne pour une personne peut ne pas être adapté à une autre, en raison de différences dans la génétique, les habitudes alimentaires, les préférences personnelles ou encore les facteurs émotionnels liés à l'alimentation.

En procédant de manière plus douce et plus respectueuse des besoins de chacun, on se donne les meilleures chances de réussir un parcours qui ne soit pas seulement axé sur le poids, mais également sur la santé globale et le bien-être. Cela ouvre la voie à une relation plus saine avec la nourriture, le corps et soi-même, en offrant à chaque individu les outils nécessaires pour atteindre ses objectifs de manière équilibrée et durable.

La naturopathie et le Yoga comme outils d’accompagnement à la perte de poids durable

La naturopathie et le yoga offrent des approches holistiques puissantes pour accompagner non seulement la perte de poids, mais aussi l'acceptation de soi et la gestion des émotions liées à l'alimentation. Contrairement aux régimes restrictifs, qui se concentrent principalement sur la restriction et la privation, ces pratiques s'intéressent à l’équilibre global du corps et de l’esprit, permettant de retrouver une relation saine avec la nourriture et le corps.

La naturopathie, avec son approche holistique, peut aider à comprendre les déséquilibres physiques et émotionnels qui sous-tendent souvent les compulsions alimentaires. En rééquilibrant l'alimentation avec des conseils nutritionnels adaptés à chaque individu, en rééquilibrant l’hygiène de vie globale et en proposant des techniques de gestion du stress, la naturopathie permet de rétablir une harmonie intérieure. Elle encourage une alimentation consciente et intuitive, favorisant des choix alimentaires qui nourrissent le corps et l’esprit, plutôt que de suivre des restrictions sévères.

Le yoga, de son côté, apporte un soutien précieux à la fois physique et émotionnel. En travaillant sur la respiration, la pleine conscience et les postures corporelles, le yoga aide à développer une plus grande connexion avec son corps et ses sensations, ce qui est essentiel pour l’acceptation de soi. En intégrant ces pratiques dans son quotidien, on apprend à se reconnecter avec son corps d'une manière respectueuse, à écouter ses besoins sans céder à la pression extérieure ou à des attentes irréalistes.

Explorer qui on est profondément

La relation que nous entretenons avec la nourriture est souvent influencée par des facteurs extérieurs, des croyances culturelles ou des attentes sociales, mais aussi par nos émotions et nos besoins non exprimés. Pour apaiser cette relation et en sortir, il est essentiel d'explorer qui nous sommes profondément, en nous reconnectant à nos valeurs et à nos véritables besoins.

En prenant le temps de découvrir nos valeurs profondes, nous pouvons clarifier ce qui est véritablement important pour nous dans notre vie, ce qui nous nourrit au-delà de l’aspect alimentaire. Nos valeurs peuvent nous guider dans la manière dont nous choisissons de prendre soin de nous, y compris dans notre rapport à la nourriture. Une fois que nous avons identifié ces valeurs, nous pouvons aligner nos comportements alimentaires avec elles, de manière plus consciente et respectueuse, en évitant les comportements alimentaires dictés par la culpabilité ou la pression extérieure.

De même, prendre conscience de nos besoins émotionnels et physiques nous permet de mieux comprendre pourquoi nous avons parfois recours à la nourriture pour gérer nos émotions. Que ce soit le stress, la tristesse ou l’ennui, la nourriture devient souvent un moyen de compenser des besoins non satisfaits. En explorant nos besoins profonds, nous pouvons trouver d'autres manières de les nourrir, qu'il s'agisse de prendre du temps pour soi, de pratiquer des activités qui nous passionnent, ou de cultiver des relations plus épanouissantes. Cette prise de conscience nous aide à nous libérer des compulsions alimentaires émotionnelles et à rétablir une relation plus saine et plus équilibrée avec la nourriture, en la réintégrant dans sa juste fonction : nourrir le corps de manière consciente et bienveillante.

En définitive, cette exploration personnelle nous permet de nous détacher des modèles alimentaires imposés de l’extérieur, et de créer une relation plus intime et plus authentique avec notre corps et nos choix alimentaires. En comprenant mieux qui nous sommes et ce dont nous avons réellement besoin, nous ouvrons la porte à une vie plus sereine, où la nourriture n’est plus perçue comme un moyen de fuir ou de compenser, mais comme un acte nourrissant et profondément respectueux de notre bien-être global.

Conclusion

Les régimes amincissants, bien qu’ils promettent des résultats rapides, ne sont finalement qu’une solution temporaire qui génère plus de frustrations et de dommages à long terme que de véritables bénéfices. Plutôt que de chercher à changer notre corps par des méthodes restrictives, il est essentiel de réorienter notre approche vers une relation plus harmonieuse avec la nourriture, le corps et l’esprit.

En fin de compte, il est possible de se libérer du cycle des régimes restrictifs en choisissant de cultiver un rapport plus serein et plus bienveillant envers soi-même. La clé réside dans la compréhension de soi, l’acceptation de son corps tel qu’il est, et la prise en charge de ses besoins physiques et émotionnels de manière plus équilibrée et durable. C’est ainsi que l’on peut véritablement retrouver une estime de soi solide et durable, loin des diktats imposés par des régimes et des standards irréalistes.

Pour aller plus loin

https://www.vidal.fr/actualites/28383-les-defis-et-les-dangers-des-regimes-amaigrissants.html

https://www.anses.fr/fr/content/lillusion-perdue-des-régimes-amaigrissants

https://youtu.be/3pDngslrpZw?feature=shared

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Comment arrêter de manger ses émotions : 4 conseils pratiques pour y parvenir